André RUELLAN, critique d'art
Né en 1953 au Havre, Nicolas ODINET a manifesté très jeune une passion du dessin et de la peinture, et bien qu'il s'estime autodidacte , cet amour des
arts plastiques en a fait l'un des artistes renommés de notre époque. Prêt à exposer ses oeuvres depuis 1992, il a suivi le chemin incontournable des
Salons tels les Indépendants Normands, le CHU de Rouen, Audace, les "Caducées", le Carmel de Bois-Guillaume avant de devenir un peintre apprécié par de
nombreuses galeries d'art. Nicolas ODINET n'est pas un figuratif comme tant d'autres: sa manière d'intégrer la valeur des ciels, des espaces, des rivages,
et surtout des personnages reflète une singularité de la façon de peindre et de réfléchir au motif. Sans tomber dans une réalité conforme aux us de ce
nouveau siècle, il a su trouver une façon convaincante de poser sa couleur en larges touches pleines de lumière et de contrastes expressifs, puissamment
évocatrices du relief des sites et de l'harmonie des êtres, et d'accorder ainsi une vie méconnue, qu'il détecte, au fil de motifs d'une simplicité enviable,
et d'un pittoresque authentique qui génèrent vers l'observateur une sérénité jamais statique, mais au contraire, puissamment privilégiée de sa sensibilité et
de son talent incontestable tant la vie ne cesse de magnifier cette pétillante et aimable peinture.
Thierry SZNYTKA - LA FUGACITE DU BONHEUR
Ce sont des instants de vie qui se murmurent, des minutes dérobées au temps qui passe révélées d'une écriture poétique aux rimes langoureuses. Certes il se
passe toujours quelque chose et les personnages croqués dans leur quotidien, sont loin d'être immobiles.
Pourtant la composition respire le calme, comme si Nicolas Odinet avait décidé de conter l'inénarrable. Il y réussit, merveilleusement, avec simplicité, à
travers des scènes urbaines ou marines. Un scooter, des enfants aux jeux, souvent des femmes vêtues de robes flottantes qui dévoilent quelques courbes,
parfois des hommes coiffés d'un chapeau à large bord.Il y a de la mesure, de la discrétion, du charme....
La palette, aux couleurs réduites, travaille les blancs colorés tandis que l'arrière plan affiche une douce monochromie qui en évidence les silhouettes.
Elles se meuvent, à la ville ou aux bains, avec une aisance déconcertante, comme surprises dans leur bonheur quotidien.
En évitant les excès chromatiques et la multiplication de tonalités, l'artiste crée une ambiance dans laquelle les ombres détiennent un rôle très important,
au même titre que cette lumière diffuse qui envahit l'espace. Tout est "soft", tellement "soft" que la réalité semble suspendre son vol pour laisser place
à une indéfinissable quiétude qui finit par être communicative.
Odinet choisit un genre singulier en transposant la frénésie de notre monde dans un univers romantique capable de dévoiler l'intimité des acteurs. Il évoque
les années cinquante avec une modernité contemporaine et originale.
Certes il demeure éminemment figuratif mais le climat, par l'abstraction du fond, devient intemporel.
Alors la scène finit par s'oublier pour laisser perdurer le caractère fugace d'un sentiment partagé.
Celui des joies simples de l'existence.